LE CERCLE – Julien Longhi, linguiste, a analysé les messages postés sur Twitter par les candidats de la primaire de la gauche.
17 minutes chacun pour convaincre. Les candidats de la primaire de la gauche débattront pour la première fois ce jeudi 12 janvier à 21 heures, sur TF1, LCI, Public Sénat et RTL. Ils n’ont pas attendu le début du sprint télévisé pour décliner leur programme sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, Vincent Peillon, Manuel Valls, Benoît Hamon et Arnaud Montebourg notamment, sont déjà passés à l’offensive. Une analyse lexicale fait ressortir leurs sujets de prédilection ainsi que leur vision de l’action publique.
1. Vincent Peillon : «devoir» et «pouvoir» avec l’Europe
Dans les tweets de Peillon, «devoir», «pouvoir» et «européen» sont particulièrement saillants. On peut ainsi caractériser son discours comme lié à une nécessité à laquelle la France est confrontée, et une possibilité d’action qu’il propose. Avec par exemple «Les Français doivent prendre la mesure des défis auxquels nous devons faire face avec courage et force #peillon2017″, il met les électeurs devant une nécessité de réaction.
Les Français doivent prendre la mesure des défis auxquels nous devons faire face avec courage et force #peillon2017 pic.twitter.com/chvt6QnRCZ
— Vincent Peillon (@Vincent_Peillon) January 3, 2017
2. Manuel Valls, «vouloir» pour la «République» et la France, «faire gagner la gauche»
En effet, ce candidat se distingue par l’emploi de «vouloir». Ceci signifie qu’il y a une implication personnelle du candidat, une intention, un projet, qui est différente de la capacité ou de la nécessité utilisée par Peillon. Ce projet concerne à la fois la France, et la République.
Il affirme une volonté politique pour la France et les Français : «Je veux que la France, que les Français reprennent pleinement leur destin en main !» ou «La République forte, celle qui tient ses promesses, c’est le chemin vers une France plus juste. #Valls2017». On voit que «République » n’est jamais loin de France. Mais stratégiquement, cette volonté pour la France et la République est mise au service de la victoire de la gauche.
La République forte, celle qui tient ses promesses, c’est le chemin vers une France plus juste. #Valls2017 pic.twitter.com/6ofiHEH1QU
— Manuel Valls (@manuelvalls) January 3, 2017
Puisque «gagner» concerne la gauche : «Faire gagner la gauche, c’est pour moi faire gagner la France. #LEmissionPolitique #Valls2017» ou «Je suis au coeur des progressistes. Je veux convaincre et faire gagner la gauche à la présidentielle. #LEmissionPolitique #Valls2017». Se dessine donc un profil de Valls plutôt habile : prise de hauteur avec une volonté pour la France, mais prise en compte de la base d’électeurs de la primaire, avec la valorisation de la gauche par la victoire.
3. Benoît Hamon, du «social» et du «travail»
Ce candidat incarne lexicalement l’aile gauche du PS, avec le recours à social et travail. Le social est essentiellement lié à la question du revenu universel, et donc du travail : «Le #RevenuUniversel est la protection sociale de demain, la raréfaction du travail rend le système actuel obsolète» ou «#RevenuUniversel, renouveau démocratique et justice sociale attirent ce soir encore beaucoup de monde à #Bizanos » par exemple.
Le #RevenuUniversel est la protection sociale de demain, la raréfaction du travail rend le système actuel obsolète #E1Matin #E1Hamon pic.twitter.com/bYP0chv8Q0
— Benoît Hamon (@benoithamon) January 2, 2017
Ceci est très différent de l’usage de social par Manuel Valls par exemple, où il est question de « modèle social ». Il affirme donc une vision radicalement différente du travaill : «Sans partage organisé du temps de travail, nous ne parviendrons pas à lutter contre le chômage ou le burn out», liée à des questions sociales larges (qualité de vie, questions médicales).
4. Arnaud Montebourg en embuscade sur le travail
Si Hamon truste la question du travail, Arnaud Montebourg essaye néanmoins d’en faire son sujet de prédilection, comme dans «Je suis le candidat du travail, et de la fiche de paie. Je baisserai la CSG pour les salaires inférieurs à 2000 euros #PouvoirDachat». Cependant, son profil est moins fort sur ce terme car il l’investit de manière plus hétérogène, et sans le corréler directement à d’autres termes-clés, comme «social » pour Hamon.
"Je suis le candidat du travail, et de la fiche de paie. Je baisserai la CSG pour les salaires inférieurs à 2000 euros" #PouvoirDachat
— ☰ Arnaud Montebourg (@montebourg) January 5, 2017
Finalement, ce sont trois grands pôles qui se distinguent : celui de la nécessité et de la possibilité avec Peillon, dans une approche européenne ; celui de la volonté pour la France dans une perspective de victoire de la gauche pour Valls ; celui de changement de paradigme du travail et du social pour Hamon, dont le discours sur ce sujet semble plus audible que celui de Montebourg (grâce au maillage avec le revenu universel et le social).
MontebourD comme bourde ?
Merci d’avoir signalé cette coquille.